Un mercredi soir, enfant couché,
mari en virée foot, je décide d’allumer la TV alors qu’aucune diffusion d’une
de mes séries TV de prédilection n’est prévue. Je m’attends donc au pire…C’était
sans compter sur l’une des rares « bonnes » surprises télévisuelles, réservée
ce soir-là par Canal+ puisque je découvre avec émotion un reportage intitulé
« Les Insoumises ». Ce reportage s’intéresse aux violences faites aux
femmes partout dans le monde. Un tour du monde des mauvais traitements infligés
aux femmes mais sans la vision aguicheuse d’un Zone Interdite qui feint de s’apitoyer sur le sort des prostituées
alors que manifestement le caméraman ne parvient pas à détourner son objectif
avide de l’arrière train de la victime ou
offre comme seul signe de compassion à sa misère un acquiescement répété
en direction de son décolleté.
En bref, un vrai reportage qui
laisse la parole aux victimes et limite les incursions narratives à la
présentation des faits. On y découvre le visage de 5 femmes dont :
-
Au Mali, une femme qui se déplace de village en
village pour faire reculer l’excision et surtout faire accepter l’abandon de
cette pratique traditionnelle.
-
ou encore en France, des femmes qui retrouvent
leur liberté et apprennent à retrouver confiance après avoir connu des violences
conjugales aggravées par l’immobilisme des institutions publiques chargées de
défendre leurs droits.
Plus que les faits, dont
l’horreur ferait certainement l’unanimité, ce qui a attiré mon attention dans
ce reportage est l’approche moins consensuelle et racoleuse du féminisme, le
principe d’universalité souvent renié par les sociétés occidentales et
l’absence de parti pris évitant un clivage Homme/Femme loin des réalités.
Des femmes combatives
On y découvre, des femmes qui
luttent pour la reconnaissance de leurs droits en tant que personne. Le
caractère combatif supplante le statut de victime. Un combat certes mais un
combat fait de petites victoires, un combat qui s’insinue pour user non pas les
hommes mais les idées. Un combat à l’opposé des putschs de communication des Pussy Riots.
La violence pour tous
On y remarque que la violence est
présente mais surtout choquante partout même si elle revêt des formes
différentes pour être acceptée par la société qui la laisse s’installer. Il
n’est pas rare d’entendre les occidentaux s’offusquer des pratiques
« barbares » de ces « autres » pays qui laissent des
petites filles être mutilées par l’excision ou des femmes être chassées car
elles ont été victimes de viol. Evidemment que ces pratiques sont condamnables
et qui pourrait laisser dire que rien ne doit être fait pour les combattre ?
Cependant, y a-t-il des civilisés et des barbares ? Des bons et des
méchants ?
Qu’y a-t-il de plus aberrant entre
une communauté villageoise qui peine à
abandonner une pratique séculaire, communauté qui a peu accès à l’éducation
mais surtout à l’information, une communauté au sein de laquelle sortir du rang
c’est aussi s’exclure alors que l’entraide est un des moyens de survie.
et une société citadine qui brandit
les droits de l’homme (et de la femme) comme étendard, qui dit condamner les
inégalités, protéger ces citoyens et qui pourtant « incite » les
femmes à déposer une main courante soit une simple consignation des faits réduisant
a minima la possibilité de voir le bourreau condamné pour ses actes. Par
conséquent, une société qui laisse encore des femmes mourir sous les coups.
Les donneurs de leçons auraient
peut-être tout à apprendre de Kadidia qui pour lutter contre l’excision évite
la confrontation avec les chefs de village et préfère la discussion, la
négociation, la sensibilisation et la persuasion lente.
Un combat de société et non un combat contre les hommes
Enfin, l’homme ne cristallise pas
tous les maux et c’est bien la société dans son entier qui est ici incriminée.
Les violences faites aux femmes ne sont pas réduites à un combat des femmes contre
les hommes. L’approche, beaucoup moins manichéenne du reportage, met en exergue
la responsabilité d’une société qui condamne une partie de celles qui la
constitue au profit de l’argent, du poids des traditions, des préjugés
ancestraux comme l’illustrent le cas de Khun
Nee, thaïlandaise contrainte à la prostitution par sa propre amie
d’enfance ou encore celui de cette turque qui, les yeux plein de larmes, concède que le plus
douloureux ne fut pas le viol incestueux subi mais le rejet de sa
mère après ce traumatisme.
Merci les Insoumises !
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