mercredi 25 juin 2014

Ma petite entreprise ne connait pas la crise – Parcours de femmes créatrices d’entreprise - Episode 2

Episode 2 – Caravan Shop
 

 
Nous poursuivons notre série de rencontres de femmes créatrices d’entreprise puisqu’il y a quelques jours nous avons découvert l’univers haut en couleurs d’Elisa, la créatrice du tout premier fashion truck de France : Caravan Shop.
Pour ce second portrait, nous nous sommes rendues à la REcyclerie, bar de quartier en plein air à Paris dans le 18ème (Gare Ornano) qui accueillait Elisa ce jour. Après avoir assisté aux manœuvres adroites d’Elisa pour garer son truck, nous l’avons soumise à notre interrogatoire en règle.

 
Le parcours : Comment est né Caravan Shop ? Comment t’est venue l’idée ?
J’ai grandi aux Etats-Unis pendant 7 ans lorsque j’étais enfant ce qui m’a beaucoup marquée. De retour en France, j’ai  fait des études artistiques aux Beaux-Arts avant de travailler à la télé pendant 14 ans en tant qu’intermittente du spectacle. Initialement, j’étais infographiste, je réalisais les éléments graphiques des émissions de télé.
Pour l’habillage de l’émission Tout le monde en parle, j’ai demandé à la Prod’ si je pouvais livrer la bande-éléments dans le car-régie car ce mot me faisait rêver. Je suis montée dans ce car et j’ai eu un choc esthétique. Je me suis dit « waouh, je veux travailler là-dedans ». Je me suis formée sur le tas au poste de scripte dans cette ruche chapeautée par la seule femme de l’équipe qui dirigeait tout cela de mains de maître.
J’ai ensuite occupé le poste de scripte pendant 12 ans. Poste très carré, impliquant la coordination de tous les techniciens sur un tournage, en somme le chef d’orchestre sur un direct ou une émission enregistrée. En 2011, en manque de créativité, j’ai décidé de faire une formation certifiante de conseillère en image à l’issue de laquelle on m’a demandé de rédiger un mémoire sur mes projets futurs. Je cherchais alors à développer un concept atypique, jamais vu en France, un concept store totalement différent me permettant de créer un univers, une bulle hors du temps. En surfant sur le net, je suis tombée sur le concept des fashion trucks qui ont émergé à New York en 2005. Cela rassemblait mes deux amours à savoir le camion et la mode. La mode car ma grand-mère était mannequin pour Madeleine Vionnet, aujourd’hui remise au goût du jour, et avait ouvert une boutique de prêt-à-porter à Versailles. Ma mère avait également une boutique de prêt-à-porter aux Etats-Unis.
J’ai fait ma dernière pige de scripte fin septembre 2012 et les statuts de la société datent de juillet 2012. Après 6 mois de chantier pour transformer un camping-car old school en petite boutique cosy et glamour, Caravan Shop est partie sur les routes à partir de mars 2013.
Comment concrétise-t-on financièrement et matériellement un tel projet ?
J’ai tout fait à l’envers. J’ai d’abord acheté le camion en tapant « camping-car vintage » sur Ebay et en y mettant toutes mes économies, à savoir 2 200 €. Heureusement que j’ai un mari adorable qui me suit sur ce projet depuis le début. Avec mon camion, mon métier de scripte et mes deux enfants puisque j’ai deux petites filles qui ont 5 et 9 ans, j’ai tapé sur internet « comment monter sa boîte à Saint-Denis », mon lieu d’habitation. J’ai découvert une association s’appelant la Miel qui m’a tout expliqué étape par étape : l’étude de marché, le business plan et ils m’ont mise en relation avec un organisme de financement. J’ai présenté mon projet devant une commission composée d’une vingtaine de professionnels et il a été validé. J’ai ainsi pu obtenir un prêt bancaire pour les travaux de transformation du camion ainsi qu’un prêt d’honneur à taux 0%, un accompagnement NACCRE car étant intermittente du spectacle je bénéficiais du statut de chômeuse et enfin un prêt d’aide à la création d’entreprise, ce qui m’a permis de démarrer mon affaire. 
Comment l’idée a-t-elle été reçue par ton entourage ? N’est-ce pas un peu effrayant de se lancer dans une telle aventure lorsque l’on a connu une vie professionnelle « stable » ?
Avec mon métier de scripte, je n’ai jamais connu la stabilité. J’étais missionnée la veille pour le lendemain. Je travaillais parfois jusqu’à minuit pour recommencer à 4h du matin le lendemain.
Par ailleurs, mon père est un entrepreneur casse-cou et preneur de risque, le schéma familial était plutôt propice à une telle entreprise. Cela ne les a pas du tout étonnés. Mon entourage est plutôt fier de moi et mon mari est totalement à fond sur le projet. J’ai été très bien entourée ce qui est très important.
Peux-tu nous expliquer le concept de Caravan Shop ? Où peut-on retrouver Caravan Shop ?
Caravan Shop est une boutique itinérante pour les femmes actives et urbaines qui n’ont pas le temps de faire du shopping et de s’occuper d’elles. Au départ, c’était vraiment destiné aux entreprises parce j’avais connu cette situation en tant que scripte en travaillant dans des zones excentrées avec des horaires compliqués. L’idée était de répondre aux besoins de ces femmes en leur proposant un service de shopping. Avec ma formation de conseillère en image, je pouvais également proposer un service de personal shopper.
La contrainte au début était de mettre en place un itinéraire régulier pour que les gens puissent me retrouver. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être au 104, un week-end par mois. Je fais également escale au Free-Market de Paname  que je fais à peu près tous les deux mois, le prochain étant en juillet au 6B  à Saint-Denis. Je travaille également avec une entreprise qui gère de grands sites industriels donc je me gare au pied de grandes entreprises telles que Canal+, Bouygues Télécom, Endemol, Club Med, Pierre et vacances, etc. Je propose aussi une boutique éphémère pour  deux hôtels dans Paris, le Belmont à Paris 16ème et l’hôtel Madison à Saint-Germain des Prés. Prochainement, je participerai aux soirées Trenty’s sur le roof-top du hall 7 de la Porte de Versailles dans la salle Electric Paris dans laquelle le camion prend place au milieu de la piste de danse.

 
 

Quel est le Top 3 des satisfactions apportées par la création de sa propre entreprise ?
1-      L’apprentissage,
2-      Les rencontres en ce qui me concerne avec les créateurs, entrepreneurs, etc car c’est important de se nourrir,
3-      L’apprentissage (rire)…oui car je fais quasiment tout, toute seule (communication sur les réseaux sociaux, etc).
Travailles-tu vraiment toute seule ? Est-ce viable sur le long terme ?
Oui, je travaille seule la plupart du temps. J’ai une stagiaire de temps en temps. Mon objectif est d’embaucher une personne à plein temps pour la comptabilité, le volet commercial, etc et une personne à mi-temps pour gérer la communication. J’aimerais également avoir des bureaux et une salle pour shooter.
Caravan Shop a-t-il des concurrents ?
Deux personnes se sont engouffrées dans la brèche. Au début, j’étais très sympathique, j’ai notamment expliqué à l’une d’entre elles toutes les ficelles pour créer l’entreprise et en retour elle a développé un concept quasi similaire reprenant le même camion, les mêmes fournisseurs, la même décoration (faux gazon, table de jardin, décoration intérieure). La concurrence ne me dérange pas mais il me semble indispensable que chacun ait sa propre identité.
Comment fais-tu pour allier vie perso et vie pro ?
Cela a toujours été le bazar dans mon organisation donc ça continue ! Je m’ennuierais si j’avais un boulot plan-plan. C’est compliqué, une vraie galère ! (avec le sourire).
C’est parfois difficile d’opérer une coupure nette entre vie pro et vie perso notamment lorsqu’on n’a pas de bureaux. Pour ces raisons, j’envisage d’intégrer une pépinière.
Comment effectues-tu ta sélection ? D’où viennent les vêtements et accessoires que tu proposes ?
Pour le prêt-à-porter, ce sont à 80% des vêtements d’occasion et 20% des petites séries mode du moment en neuf. En occasion, il y a des marques de toutes gammes avec des pièces allant du 36 au 42. J’ai un stock réduit mais à chaque sortie, il est renouvelé par les personnes qui déposent des vêtements d’occasion que je rachète. En haut de gamme, il s’agit par exemple de Maje, Sandro, The Kooples et en bas de gamme H&M, Forever 21, Asos, etc.
Pour les accessoires, je propose principalement des pièces de créateurs made in France sélectionnés avec beaucoup de soin pour la qualité et l’originalité de leur travail. Actuellement, je mets en avant les bijoux Nach qui sont des bijoux en porcelaine faits main.

Bijoux Nach

Le mois prochain, je présenterai également les créations des bijoux Hippie Rock de SOWAT, les tatouages éphémères TEM Tatouages, et les bijoux de tête boho made in St Germain des Prés : Libertie is my Religion. Chaque mois, je mets en avant de nouveaux créateurs français.
Y a-t-il des associations artistiques permanentes ?
Je suis associée depuis le début avec la créatrice Mademoiselle Emilie B qui fait des pochettes sans couture en cuir, très originales et intemporelles made in France. Le cuir provient de France et les teintures sont naturelles. Ces pochettes sont devenues un de mes basiques.

Fonctionnes-tu à la tendance ou au coup de cœur ?
Je suis une grande lectrice de magazines féminins et suis très active sur Pinterest. Toutefois, je ne suis pas les tendances qui ne me plaisent pas.
Dernièrement, j’ai trouvé un créateur de tattoos éphémères que j’adore et j’ai vu que la presse parlait de cette tendance donc cela a confirmé mon envie.
Quels sont tes coups de cœur du moment ?
Les tattoos éphémères colorés, les bijoux Nach et le look bal-skirt : une grande jupe de bal avec un petit Crop Top, mon look fétiche du moment.
Quels sont les projets de Caravan shop ?
Développer l’activité évènementielle avec un camion qui peut aussi se transformer en show-room itinérant. J’organise par exemple des tournées Presse, clef en main avec la possibilité de customiser le camion (stickers, personnalisation de l’intérieur, etc) pour présenter des collections aux journalistes en faisant la tournée des grands groupes de presse situés aux abords de Paris (Prisma, Lagardère, Marie-Claire et Mondadori).
A moyen terme, pourquoi pas ouvrir aussi un second camion.
La franchise est prématurée mais je pense à mettre en place une licence d’exploitation.
Un grand merci à Elisa pour son accueil chaleureux, ses pépites fashion qui ont ravi nos garde-robes et le partage de sa belle aventure !
A bientôt pour un prochain épisode de Ma petite entreprise ne connaît pas la crise.
Pour suivre Caravan Shop, rdv sur la page Facebook en cliquant ici et sur le site du Fashion Truck en cliquant là.
 
Si vous avez manqué le premier épisode, n’hésitez pas à découvrir notre rencontre avec les filles du Boudoir des Cocottes.

3 commentaires:

  1. quelle chance d'avoir du monde autour d'elle pour la conseiller, lui faire un prêt ect...ici c'est débrouilles toi et fout nous la paix, che misère le sud de la France.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hello Sylvie, tu as bien raison, la bonne volonté et la créativité s'épanouissent plus efficacement lorsqu'on est bien entourée et conseillée ! Je pense qu'il y a aussi des dispositifs d'aide à la création d'entreprise d'envergure nationale et certainement actifs dans le Sud. Bonne soirée à toi et à bientôt.

      Supprimer
  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...