Episode 2 – Caravan Shop
Nous poursuivons notre série de
rencontres de femmes créatrices d’entreprise puisqu’il y a quelques jours nous
avons découvert l’univers haut en couleurs d’Elisa, la créatrice du tout premier
fashion truck de France : Caravan Shop.
Pour ce second portrait, nous
nous sommes rendues à la REcyclerie, bar de quartier en plein air à Paris dans
le 18ème (Gare Ornano) qui accueillait Elisa ce jour. Après avoir
assisté aux manœuvres adroites d’Elisa pour garer son truck, nous l’avons
soumise à notre interrogatoire en règle.
Le parcours : Comment est né Caravan Shop ? Comment t’est
venue l’idée ?
J’ai grandi aux Etats-Unis
pendant 7 ans lorsque j’étais enfant ce qui m’a beaucoup marquée. De retour en France,
j’ai fait des études artistiques aux
Beaux-Arts avant de travailler à la télé pendant 14 ans en tant qu’intermittente
du spectacle. Initialement, j’étais infographiste, je réalisais les éléments
graphiques des émissions de télé.
Pour l’habillage de l’émission Tout le monde en parle, j’ai demandé à la Prod’ si je pouvais livrer la
bande-éléments dans le car-régie car ce mot me faisait rêver. Je suis montée
dans ce car et j’ai eu un choc esthétique. Je me suis dit « waouh, je veux
travailler là-dedans ». Je me suis formée sur le tas au poste de scripte
dans cette ruche chapeautée par la seule femme de l’équipe qui dirigeait tout
cela de mains de maître.
J’ai ensuite occupé le poste de
scripte pendant 12 ans. Poste très carré, impliquant la coordination de tous
les techniciens sur un tournage, en somme le chef d’orchestre sur un direct ou
une émission enregistrée. En 2011, en manque de créativité, j’ai décidé de
faire une formation certifiante de conseillère en image à l’issue de laquelle on
m’a demandé de rédiger un mémoire sur mes projets futurs. Je cherchais alors à
développer un concept atypique, jamais vu en France, un concept store
totalement différent me permettant de créer un univers, une bulle hors du temps.
En surfant sur le net, je suis tombée sur le concept des fashion trucks qui ont
émergé à New York en 2005. Cela rassemblait mes deux amours à savoir le camion
et la mode. La mode car ma grand-mère était mannequin pour Madeleine Vionnet, aujourd’hui
remise au goût du jour, et avait ouvert une boutique de prêt-à-porter à
Versailles. Ma mère avait également une boutique de prêt-à-porter aux
Etats-Unis.
J’ai fait ma dernière pige de
scripte fin septembre 2012 et les statuts de la société datent de juillet 2012.
Après 6 mois de chantier pour transformer un camping-car old school en petite
boutique cosy et glamour, Caravan Shop est partie sur les routes à partir de
mars 2013.
Comment concrétise-t-on financièrement et matériellement un tel projet ?
J’ai tout fait à l’envers. J’ai
d’abord acheté le camion en tapant « camping-car vintage » sur Ebay et en
y mettant toutes mes économies, à savoir 2 200 €. Heureusement que j’ai un
mari adorable qui me suit sur ce projet depuis le début. Avec mon camion, mon
métier de scripte et mes deux enfants puisque j’ai deux petites filles qui ont
5 et 9 ans, j’ai tapé sur internet « comment monter sa boîte à Saint-Denis »,
mon lieu d’habitation. J’ai découvert une association s’appelant la Miel qui m’a
tout expliqué étape par étape : l’étude de marché, le business plan et ils
m’ont mise en relation avec un organisme de financement. J’ai présenté mon
projet devant une commission composée d’une vingtaine de professionnels et il a été validé. J’ai ainsi pu obtenir un prêt bancaire pour les travaux de
transformation du camion ainsi qu’un prêt d’honneur à taux 0%, un
accompagnement NACCRE car étant intermittente du spectacle je bénéficiais du
statut de chômeuse et enfin un prêt d’aide à la création d’entreprise, ce qui
m’a permis de démarrer mon affaire.
Comment l’idée a-t-elle été reçue par ton entourage ? N’est-ce pas
un peu effrayant de se lancer dans une telle aventure lorsque l’on a
connu une vie professionnelle « stable » ?
Avec mon métier de scripte, je n’ai
jamais connu la stabilité. J’étais missionnée la veille pour le lendemain. Je
travaillais parfois jusqu’à minuit pour recommencer à 4h du matin le lendemain.
Par ailleurs, mon père est un
entrepreneur casse-cou et preneur de risque, le schéma familial était plutôt
propice à une telle entreprise. Cela ne les a pas du tout étonnés. Mon
entourage est plutôt fier de moi et mon mari est totalement à fond sur le
projet. J’ai été très bien entourée ce qui est très important.
Peux-tu nous expliquer le concept de Caravan Shop ? Où peut-on
retrouver Caravan Shop ?
Caravan Shop est une boutique
itinérante pour les femmes actives et urbaines qui n’ont pas le temps de faire
du shopping et de s’occuper d’elles. Au départ, c’était vraiment destiné aux
entreprises parce j’avais connu cette situation en tant que scripte en
travaillant dans des zones excentrées avec des horaires compliqués. L’idée
était de répondre aux besoins de ces femmes en leur proposant un service de
shopping. Avec ma formation de conseillère en image, je pouvais également
proposer un service de personal shopper.
La contrainte au début était de
mettre en place un itinéraire régulier pour que les gens puissent me retrouver.
Aujourd’hui, j’ai la chance d’être au 104, un week-end par mois. Je fais également
escale au Free-Market de Paname que je
fais à peu près tous les deux mois, le prochain étant en juillet au 6B à Saint-Denis. Je travaille également avec
une entreprise qui gère de grands sites industriels donc je me gare au pied de
grandes entreprises telles que Canal+, Bouygues Télécom, Endemol, Club Med,
Pierre et vacances, etc. Je propose aussi une boutique éphémère pour deux hôtels dans Paris, le Belmont à Paris 16ème
et l’hôtel Madison à Saint-Germain des Prés. Prochainement, je participerai aux
soirées Trenty’s sur le roof-top du hall 7 de la Porte de Versailles dans la salle
Electric Paris dans laquelle le camion prend place au milieu de la piste de
danse.
Quel est le Top 3 des satisfactions apportées par la création de sa
propre entreprise ?
1- L’apprentissage,
2- Les
rencontres en ce qui me concerne avec les créateurs, entrepreneurs, etc car
c’est important de se nourrir,
3- L’apprentissage
(rire)…oui car je fais quasiment tout, toute seule (communication sur les
réseaux sociaux, etc).
Travailles-tu vraiment toute seule ? Est-ce viable sur le long
terme ?
Oui, je travaille seule la
plupart du temps. J’ai une stagiaire de temps en temps. Mon objectif est
d’embaucher une personne à plein temps pour la comptabilité, le volet commercial,
etc et une personne à mi-temps pour gérer la communication. J’aimerais
également avoir des bureaux et une salle pour shooter.
Caravan Shop a-t-il des concurrents ?
Deux personnes se sont
engouffrées dans la brèche. Au début, j’étais très sympathique, j’ai notamment
expliqué à l’une d’entre elles toutes les ficelles pour créer l’entreprise et
en retour elle a développé un concept quasi similaire reprenant le même camion,
les mêmes fournisseurs, la même décoration (faux gazon, table de jardin,
décoration intérieure). La concurrence ne me dérange pas mais il me semble
indispensable que chacun ait sa propre identité.
Comment fais-tu pour allier vie perso et vie pro ?
Cela a toujours été le bazar dans
mon organisation donc ça continue ! Je m’ennuierais si j’avais un boulot plan-plan.
C’est compliqué, une vraie galère ! (avec le sourire).
C’est parfois difficile d’opérer
une coupure nette entre vie pro et vie perso notamment lorsqu’on n’a pas de
bureaux. Pour ces raisons, j’envisage d’intégrer une pépinière.
Comment effectues-tu ta sélection ? D’où viennent les vêtements et
accessoires que tu proposes ?
Pour le prêt-à-porter, ce sont à
80% des vêtements d’occasion et 20% des petites séries mode du moment en neuf.
En occasion, il y a des marques de toutes gammes avec des pièces allant du 36
au 42. J’ai un stock réduit mais à chaque sortie, il est renouvelé par les
personnes qui déposent des vêtements d’occasion que je rachète. En haut de
gamme, il s’agit par exemple de Maje, Sandro, The Kooples et en bas de gamme
H&M, Forever 21, Asos, etc.
Pour les accessoires, je propose
principalement des pièces de créateurs made in France sélectionnés avec beaucoup
de soin pour la qualité et l’originalité de leur travail. Actuellement, je mets
en avant les bijoux Nach qui sont des bijoux en porcelaine faits main.
Le mois prochain, je présenterai également les créations des bijoux Hippie Rock de SOWAT, les tatouages éphémères TEM Tatouages, et les bijoux de tête boho made in St Germain des Prés : Libertie is my Religion. Chaque mois, je mets en avant de nouveaux créateurs français.
Bijoux Nach
Le mois prochain, je présenterai également les créations des bijoux Hippie Rock de SOWAT, les tatouages éphémères TEM Tatouages, et les bijoux de tête boho made in St Germain des Prés : Libertie is my Religion. Chaque mois, je mets en avant de nouveaux créateurs français.
Y a-t-il des associations artistiques permanentes ?
Je suis associée depuis le début
avec la créatrice Mademoiselle Emilie B qui fait des pochettes sans couture en
cuir, très originales et intemporelles made in France. Le cuir provient de France
et les teintures sont naturelles. Ces pochettes sont devenues un de mes basiques.
Fonctionnes-tu à la tendance ou au coup de cœur ?
Je suis une grande lectrice de
magazines féminins et suis très active sur Pinterest. Toutefois, je ne suis pas
les tendances qui ne me plaisent pas.
Dernièrement, j’ai trouvé un
créateur de tattoos éphémères que j’adore et j’ai vu que la presse parlait de
cette tendance donc cela a confirmé mon envie.
Quels sont tes coups de cœur du moment ?
Les tattoos éphémères colorés,
les bijoux Nach et le look bal-skirt : une grande jupe de bal avec un
petit Crop Top, mon look fétiche du moment.
Quels sont les projets de Caravan shop ?
Développer l’activité évènementielle
avec un camion qui peut aussi se transformer en show-room itinérant. J’organise
par exemple des tournées Presse, clef en main avec la possibilité de customiser
le camion (stickers, personnalisation de l’intérieur, etc) pour présenter des
collections aux journalistes en faisant la tournée des grands groupes de presse
situés aux abords de Paris (Prisma, Lagardère, Marie-Claire et
Mondadori).
A moyen terme, pourquoi pas
ouvrir aussi un second camion.
La franchise est prématurée mais je
pense à mettre en place une licence d’exploitation.
Un grand merci à Elisa pour son
accueil chaleureux, ses pépites fashion qui ont ravi nos garde-robes et le
partage de sa belle aventure !
A bientôt pour un prochain
épisode de Ma petite entreprise ne
connaît pas la crise.
Pour suivre Caravan Shop, rdv sur
la page Facebook en cliquant ici et sur le site du Fashion Truck en cliquant là.
Si vous avez manqué le premier
épisode, n’hésitez pas à découvrir notre rencontre avec les filles du Boudoir des Cocottes.
quelle chance d'avoir du monde autour d'elle pour la conseiller, lui faire un prêt ect...ici c'est débrouilles toi et fout nous la paix, che misère le sud de la France.
RépondreSupprimerHello Sylvie, tu as bien raison, la bonne volonté et la créativité s'épanouissent plus efficacement lorsqu'on est bien entourée et conseillée ! Je pense qu'il y a aussi des dispositifs d'aide à la création d'entreprise d'envergure nationale et certainement actifs dans le Sud. Bonne soirée à toi et à bientôt.
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