lundi 16 novembre 2015

13 novembre 2015 : La valse des sentiments


 
La Stupéfaction, car quelle autre première sensation peut saisir l’Homme rattrapé par l’horreur dans son quotidien ? Celui qui, même ébranlé par les évènements du 7 janvier dernier, conserve l’espoir de n’avoir connu qu’une période voire un épisode malheureux. La réalité peine d’abord à inscrire sa vérité tant l’horreur perturbe l’entendement, l’acceptation d’un théâtre qui nous est étranger et consciemment ou inconsciemment, associé à d’autres contrées…lointaines, « différentes ».

La Tristesse succède à l’aveu de réalité. La compassion, décuplée par la proximité et les pensées d’assimilation qu’elle nourrit, submerge et grise chaque constituant de nos êtres. On reprend conscience de notre existence dans un ensemble souvent accusé d’être anonyme. On tente d’approcher, sans pouvoir y parvenir, la douleur des proches endeuillés. On console, réconforte, soutient car aider celui qui subit redevient un réflexe, un instinct.

La Peur, tant décriée, chassée, balayée dans les slogans qui inondent notre virtualité intégrée, s’inscrit en toile de fond. Reniée comme un marqueur de faiblesse, on chante qu’elle n’a pas le droit de cité. Pourtant, comment pourrait-elle ne pas être ? L’important n’est pas tant sa présence mais ce qu’elle suscite car l’Homme n’est-il pas fait pour vaincre ses peurs, les décrypter, y insinuer la raison et le recul qui en découle. La peur comme antichambre des éléments pris dans un cercle vertueux qui contribuera à la déconstruire.

L’Indignation, face à des comportements dénués d’humanité, déraisonnés qui se produisent chaque jour, partout dans le monde et s’imposent lorsqu’ils se rapprochent. L’indignation, propulsée par un sentiment d’injustice face à ces vies ôtées pour l’exemple, par intérêts politiques obscurs et nécessairement étrangers aux victimes, des disparus potentiels défenseurs des libertés, de la paix, de la pluralité. L’indignation face à l’atrocité imposée aux Hommes par ses pairs. Agacée par toutes les récupérations politiques qui foulent le sang encore chaud du pavé pour reprocher, repérer les signes qui pourront être mis à profit demain, plus tard. Des responsables politiques qui détournent, capitalisent, reproduisent les erreurs en réagissant à chaud sur une forme informe sans attaquer les origines, sans sécuriser le fond.

La Réflexion en réaction à la passion, car elle se doit de penser l’avenir sous de meilleurs auspices. Une réflexion qui pousse à s’interroger sur notre place dans ce débat, qui annihile les emportements, qui pousse à la solidarité pour ne pas satisfaire les envies des « deshumanisés », qui pousse à faire preuve de compassion à l’égard des Musulmans qui comme chacun subissent ces actes atroces, à la différence près que ceux-ci sont commis au nom de combats politiques et idéologiques détournant et instrumentalisant leur foi, leurs croyances mises à mal et utilisées en couverture médiatiquement vendeuse.

Une réflexion pour lutter contre l’incompréhension d’un message consistant à persister puis riposter par des armes tout aussi barbares. Dans une Nation qui vise dans sa Constitution, la Déclaration des Droits de l’homme et a eu à cœur de faire voter un attirail de lois convergeant vers l’affirmation de l’égalité de toute vie humaine, peu importe le territoire qui l’a vue naître, ses croyances ou ses orientations ; comment expliquer que la seule réponse à la destruction d’une partie de l’humanité tombée sous les balles, soit la destruction d’une autre partie de l’humanité tombant sous les bombes ?

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