mercredi 16 mars 2016

Zootopie : la bonne idée du moment !


Depuis quelques années, les sorties cinéma ont une saveur de fraises Tagada. Les films dits d’auteur et propices à l’expérimentation, les thrillers et comédies satiriques ont cédé la place aux réalisations animées plus appropriées pour mon nouveau compagnon des salles noires encore tenu à l’écart du tout-venant par le logo : Afficher l'image d'origine.

Cela dit, cela n’est pas pour me déplaire et je me laisse généralement facilement emporter par les musiques infantiles mais entraînantes, les images souvent artistiques, les histoires à la morale bienvenue et les happy ends qui vous font voir la vie en rose. D’autant que depuis plusieurs années, les scénaristes pensent de plus en plus aux parents avec des références et private jokes qui dépassent les plus petits mais font sourire les plus grands. Les dessins animés 2.0 ont aussi l’avantage de déculpabiliser les parents en sortant des stéréotypes et banalités aka « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Aussi, les petites filles découvrent que finir enfermées, en robe meringue, dans un château avec un prince blondinet afin d’enfanter jusqu’à ce que mort s’en suive n’est pas l’unique issue « heureuse ». Les filles incarnées par Raiponce ou encore Rebelle semblent avoir d’autres aspirations. De plus en plus, la morale de l’histoire tente de coller aux problématiques de la société et aide à mettre en lumière voire à échanger sur des enjeux sociétaux forts comme l’acceptation de l’autre et la différence. J’avais notamment apprécié ce positionnement dans le dessin animé Maya l’abeille, version 2014. Celui-ci avait balayé mon appréhension principale à savoir, vivre plus d’une heure de niaiserie pure. En effet, l’opposition entre les abeilles et les frelons, née de la crainte et de la méconnaissance de l’autre, n’était pas sans rappeler les ravages des préjugés dans notre société avec une crainte allègrement nourrie par les détenteurs des pouvoirs, désireux de préserver au mieux leur hégémonie en divisant pour mieux régner. La semaine dernière avec Tom pouce, nous avons pu voir le dernier-né : Zootopie qui illustre à merveille cette tendance installée et a conquis nos cœurs et nos esprits.

En effet, Zootopie passe même la vitesse supérieure en creusant davantage l’analyse fine de la société. Cette ville animalière imaginaire illustre les fameux a priori avec l’opposition entre les proies et les prédateurs, ces derniers qui bien qu’ils vivent dorénavant en pseudo harmonie avec les proies sont secrètement craints, car jugés porteurs « dans leur ADN » de l’intrinsèque envie d’attaquer les proies. On y devine donc aisément les références aux préjugés qui minent les relations entre les populations majoritaires et les populations minoritaires se distinguant par leur origine, leur ethnie ou encore leur croyance religieuse. Préjugés habilement utilisés par les représentants des pouvoirs publics. L’un d’eux reconnaît fièrement au cours du film que gouverner par la peur est une stratégie qui s’est toujours avérée payante. Effrayer pour conduire le peuple là où l’on souhaite le mener pour servir des intérêts élitistes ou personnels a toujours fait recette. Mais Zootopie ne s’arrête pas là, le dessin animé bouscule également les esprits bien-pensants en mettant en scène le personnage principal qui sous couvert de beaux discours, pensées positives et valorisation de l’union et de l’égalité entre les êtres, se révèle aux autres puis à lui-même comme gangrené par des préjugés distillés discrètement par la société au plus jeune âge. Tiens, n’y verrait-on pas un petit clin d’œil aux mangeurs de graines bio qui serinent des idéologies humanistes au Café Flore, manifestent pour le logement pour tous mais appellent discrètement la police pour signaler un camp d’habitations sauvages qui dégrade l’image du quartier.

Et Zootopie poursuit son regard critique, les stéréotypes sur les femmes faibles et dociles au travail y sont également explorés et mis au tapis, la lenteur administrative en prend aussi pour son grade notamment avec la scène mémorable du paresseux.

Trop intello pour un dessin animé ? Pas de crainte, les dialogues acérés et des punchlines pleuvent suffisamment pour arracher rires et sourires aux plus grands comme aux plus petits. Chacun y trouve son compte avec des références pointues et pleines d’humour pour les adultes, telles que le clin d’œil au film le Parrain ou encore à la magistrale série Breaking Bad mais aussi un rythme effréné pour les plus jeunes.

Vous aurez donc deviné ma conclusion pour Zootopie : validation absolue ! Pour sourire, rire, se divertir, réfléchir et discuter en famille après avec la satisfaction d’avoir fait plaisir tout en forgeant l’esprit critique des enfants. L’un des meilleurs films animés à mon sens. 

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Je suis d'accord avec toi à 100%. Un des meilleurs films d'animation que j'ai pu voir. Mon fils aussi a adoré!

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