Un sujet usé jusqu’à la corde que je n’avais pas de
prime abord l’intention de remettre sur le tapis pensant que tout le monde s’était déjà fait à
l’idée de ce lieu commun en passe de disparaître. Cependant, deux signaux
successifs dans la même journée ont eu raison de ma naïveté.
1er
signal, j’arrive au bureau, coiffée d’un chignon (afro-puff pour les experts)
fait dans les 5 minutes que m’autorise le rush matinal pour donner à ma
chevelure un aspect professionnellement
correct. Je croise une collègue qui tente un compliment en me lançant avec son
plus large sourire : « j’adoooooore comme tu es coiffée ! C’est
trop beau les cheveux des blacks ! ». Je prends, sans autre réaction,
le compliment d’autant qu’à moi seule je viens de m’attribuer le mérite de toute une
population a priori uniforme capillairement parlant.
La journée passe et rincée par la tâche professionnelle
accomplie, je prends le chemin du retour au son des radios changées
frénétiquement en attendant que l’une d’elle retienne mon attention. Je tombe
alors sur une émission (dont je n’ai pas retenu le nom) qui reçoit ce jour
Chantal Lauby pour la promotion de son film « Qu’est-ce qu’on a fait au
bon Dieu ? » qui sur un ton comique évidemment ne serait pas contre de la
dénonciation de préjugés ethniques et religieux. Beau programme. Mme Lauby nous
fait donc le pitch sur les mariages de 4 sœurs issues d’une famille bourgeoise
catholique avec des hommes d'horizons différents : « un asiatique, un
musulman, un juif et …un black ».
Ah ben décidément, cela est toujours d’actualité. Le
« black » est toujours au goût du jour dans toutes les bouches au
détriment du Noir. Revendication sémantique communautaire ? Pas vraiment,
mais peut-être faudrait-il m’expliquer pourquoi il est si difficile d’appeler
un Noir, un Noir. Certes, « black », cela s’allie mieux à la
modernité comme le « in », le « fashion », le
« asap », l’anglicisme étant le maître du « cool ». Mais
pourquoi ce besoin de rendre moderne et cool un état qui existe depuis toujours
et voué à exister par-delà les modes. Pourquoi cette obligation d’atténuation ?
Que tout le monde se détende, il me semble que ceux qui sont Noirs sont
conscients de cet état de fait, nul besoin de prendre des pincettes ou d’adopter le ton du secret ou du fautif qui emploie l’anglais comme
pour ne pas se faire prendre en flagrant délit de pensées peu honorables à la
façon d’un Manuel Valls regrettant la présence trop peu significative de
« Blancs » certes mais aussi de « White » (c’est déjà plus
cool) lors de sa promenade de séduction.
Bref, ce billet pour rassurer ceux qui se sentent comme pris
dans un étau lorsqu’ils doivent désigner un Noir et ne voient alors que l’unique
porte de sortie du Black. Ne t’inquiète pas, cela a presque autant de chance de
vexer ton interlocuteur ou celui à qui tu fais référence que de faire référence à la couleur de son
tee-shirt. En revanche, cela peut interpeller lorsque cela devient systématique
en instaurant un malaise qui n’a pas lieu d’être. As-tu déjà entendu dans ta
série américaine : « Oh my god ! Your hair is so great ! I
looooooooveee RENOI’s hair !!! » ?
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