Je ne suis pas vraiment ce que
l’on peut appeler une « séries addict ». Toutefois, certaines peuvent
retenir mon attention. Je les suis, les perds, les retrouve…quelques fois.
Elles me font souvent rêver, me détendent, parfois rire et même
réfléchir. Puis, arrive l’heure de la fin, le moment crucial de la
séparation définitive et unilatérale qui consacrera le talent des scénaristes,
signera nos adieux et marquera ou non mon esprit. J’ai connu peu de séparations
douloureuses. J’en comptabilise deux à ce jour.
La première fois, pas très originale
pour une fille, fut la fin de Sex and The City. Happy End à l’américaine de
rigueur plutôt convenue mais qu’importe car nos liens ne se sont pas créés autour
du suspens mais d’une libération de la pensée féminine, du statut de
célibataire, de la sacralisation des relations féminines et surtout un dressing
géant mené par une farandole de talons hauts qui vous donne des envies folles
de sortir de chez vous haut perchée pour héler un taxi (Attention, résultat peu
concluant à Paris mais tout est histoire d’intention). C’est donc avec
nostalgie que l’on a l’impression de quitter une bande de copines et de devoir
dire au revoir à ces parties de nous dissociées et exagérées pour être mieux reconnues. Le
premier film extrait de la série qui fait un pas de plus vers la convenance et
semble faire fi de toutes les luttes d’antan pour la reconnaissance du célibat
et par-delà la reconnaissance de soi dans sa pleine individualité, bénéficie
tout de même de notre bienveillance car nous permet l’espace de quelques heures
de prendre un verre avec nos anciennes amies. Le second opus cinématographique
nous achève en balayant nos chères amies par un tourbillon promotionnel
de marques et les réduisant à l’état de simple porte-manteaux.
La seconde fois, je l’ai connue
il y a peu avec la fin de Breaking Bad. Oui, désolée pour le retard, j’avais
fait une longue pause avant de reprendre la saison finale. A priori, peu de
risques d’identification, pas l’ombre d’un escarpin, une garde-robe féminine
quasi stalinienne, de la drogue, de la chimie et pourtant l’addiction se fait
sentir assez rapidement. La complexité des personnages y est certainement pour
quelque chose car ici nulle confrontation possible entre les bons et les
méchants car les étiquettes sont interchangeables, s’effacent et finissent par
devenir illisibles. Les amitiés se font et se défont dans la même obscurité et
surtout les scénaristes semblent avoir œuvré au fil des épisodes pour nous
offrir l’apothéose de fin. Ici, point de fin bâclée façon gang de femmes au
foyer, pas de fin orchestrée par des scénaristes en mode salariés sentant approcher
les congés estivaux et « bouclant » leurs dossiers, juste assez bien
pour ne pas se faire rappeler à l’ordre pendant leurs congés mais pas assez bien
pour justifier la prime de fin d’année.
Il faut dire que jusque-là, je
pensais que seules 2 possibilités existaient
pour les dernières saisons de série :
- la fin attendue type « vous l’avez voulue, on vous l’offre sur un plateau car nous, on est rincés » avec la révélation qui n’en est pas réellement une tellement on l’avait pressentie,
- un peu dans le même genre, la fin en eau de boudin car après tout, le plus intéressant c’était le pendant.
Breaking Bad avait donc toutes
les chances de me surprendre avec sa fin
cousue main qui ne laisse pas de goût amer car les personnages semblent être
venus à bout de leur démonstration presque sans s’essouffler. La fin apparaît
comme une évidence inéluctable et nous sommes heureux de saluer une prestation
haute en couleurs et notamment la performance de Bryan Cranston. Qui aurait pu
croire que le père maladroit de la série Malcolm incarnerait de manière aussi
crédible le héros de cette « ascension » de l’américain moyen
fortement marqué looser devenant « LE » caïd régional. L'histoire peu banale d'un modeste père de famille, professeur de chimie qui, atteint d'un cancer, met au point et s'investit dans la commercialisation d'une drogue à la pureté sans pareil pour assurer le confort matériel de sa famille en cas de décès. Son aventure décortique
au passage les travers de l’Homme tiraillé entre épanouissement personnel par
accomplissement de soi ou satisfaction à travers l’épanouissement des siens.
Breaking Bad ou histoire d’un dilemme
entre appât du gain matériel ou gain spirituel. Quoiqu’il en soit, j’ai passé
les 5 derniers épisodes à dire « nonnn, le truc de ouf ! » qui
restera d’ailleurs ma phrase de fin après le dernier épisode. En conclusion,
Breaking Bad, vous l’aurez compris aura une place d’honneur dans mon Panthéon
des séries qui valent le coup.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire