Récemment, mon esprit a été interpellé
par une émission de radio qui passait au crible un phénomène de société placé à
la première place des comportements déviants : la drague. Cette pratique
ancestrale était pointée du doigt comme une réelle atteinte aux droits des
femmes et le symbole de la misogynie. L’argument principal (les voix
radiophoniques ont tenu une diatribe de près de 35 minutes sur le sujet mais je
vous épargne cela et vous gratifie d’un résumé) : la drague serait déjà un
acte d’agression physique voire morale et devrait être condamnable légalement.
J’ai beau être une fervente défenderesse des droits des Hommes et par
conséquent des Femmes, je dois avouer que ce débat a suscité un peu
d’étonnement de ma part. Serait-ce un abus de langage ? Est-il question
ici d’harcèlement ?
Quoiqu’il en soit, cela m’a
poussée à passer en revue les différents contours de la drague afin d’en saisir
les subtilités.
Pour mieux la comprendre,
commençons par la définir. Si je m’en réfère à mon dictionnaire Hachette qui me
suit depuis la seconde, draguer c’est au sens figuré : « flâner
en quête d’aventures » ou encore « aborder, racoler ». Assez
proche de ma définition qui aurait été : créer un contact avec une autre
personne pour…multiples possibilités : s’amuser, passer le temps, se faire
mousser et évidemment le fameux « plus si affinités ».
Voilà les quelques comportements
choisis identifiés :
La drague « frustration »,
assez courante et pas des plus prisées par la gente féminine, qui se
caractérise par une entrée en matière directe type « vous êtes
charmante » et se solde aussitôt par une invective-miroir et pour le moins
contrastée « tu t’es prise pour une bombasse ou quoi ? » (pour
les invectives les plus polies) dans le cas où le « vous êtes charmante »
se serait soldé par un échec soit dans 99,99% des cas.
La drague « relou » de
celui ou celle qui arrive avec ses gros sabots sans subtilité voir avec
grossièreté.
Il me semble que seules celles-ci
constituent un réel désagrément dès lors qu’elles sont insistantes et
intrusives, faisant fi de la règle inébranlable instaurée par la métaphore de Patrick
Swayze : « Ça c’est mon espace de danse et ça c’est ton
espace de danse. Tu n’envahis pas mon espace, je n’envahis pas ton espace. ».
La drague « réflexe »,
drague régie par l’équation systématique œil masculin + silhouette de femme = obligation de drague. Le dragueur ne semble
pas lui-même convaincu par son entrée en matière, ne semble pas
particulièrement attendre de retour positif, ne vous trouve pas particulièrement
jolie d’ailleurs, mais se sent obligé de tenter quelque chose comme pour
flatter son égo masculin.
Celle-ci peut se muer en drague
égocentrique visant uniquement à tester son charme sur une proie considérée
comme facile ou non en fonction du degré de confiance du jour de l'assaillant lorsqu'il n'a pas envie de jouer à Candy crush par exemple.
La drague « flippette »
aussi connue sous le nom de « bouteille à la mer » qui se développe
de plus en plus. Son terrain de jeu favori, tout ce qui implique la circulation.
Ex : sur le périphérique, la voiture qui roule à côté de la vôtre, peu
importe la fluidité de sa file, pour vous offrir les sourires et œillades de
son conducteur. Une question me taraude : Quelle suite
est censée se produire ? Coup de frein à main sur le périph, petite
discussion bercée par les effluves
issues des pots d’échappement avant d’en venir à l’irrémédiable échange de n° de
téléphone et tout cela sans que votre orgueil n’en prenne un coup…mortel. Variante :
les sourires et gestes évocateurs depuis le métro en partance alors que vous
êtes sur le quai.
J’ai donc cherché une explication
à cette nouvelle tendance avant d’en comprendre les motivations : se
forcer à aller de l’avant sans risquer de prendre un vent. Ainsi au prochain
repas entre amis, vous pourrez dire « pourtant, je rencontre de gens, je
tente des choses mais rien ne se passe… »
La drague « porte ouverte »,
la plus élégante qui s’insinue subtilement et sait saisir l’instant. Ex d’entrée
en matière : « Vous cherchez une rue ? » Difficile de dire
non quand vous voilà plantée depuis 5 minutes au milieu du passage piéton, yeux
rivés sur votre téléphone pour décrypter une carte, le tout avec une moue dubitative qui semble dire : « ok première à droite mais
en arrivant dans quel sens ? ». Obligée d’avouer votre désarroi, vous
acceptez l’aide de celui qui vous indique le chemin et ne pouvez que
répondre poliment aux questions qui suivront. Classe ultime si l’interlocuteur
vous laisse tracer votre chemin après un bref échange sans sombrer dans l’insistance.
Si vous n’êtes pas intéressée, vous repartez flattée et dans le cas contraire,
la « porte ouverte » a été clairement signifiée.
Tout cela semble assez simple
finalement, il y aurait des dragues de gentlemen et des dragues de gros lourds.
Peut-être. Toutefois, j’ai tendance à croire que les mouvements du curseur ne
sont pas uniquement déterminés par celui ou celle qui drague mais également par
le ou la dragué(e) car on peut se demander si notre réaction et notre
interprétation de la drague sont strictement les mêmes lorsqu'elles proviennent d’un
sosie de Bradley Cooper ou lorsqu'elles viennent d’un sosie de Mister Bean. Dans un cas (que je vous
laisse choisir), cette prise de contact risque de se solder par des sourcils en
accent circonflexe et un « il est relou lui » alors que dans un autre,
pour les plus hypocrites le « il est relou » sera beaucoup moins
convaincant et accompagné d’un sourire béat ou pour les autres contraintes de
décliner, le refus se fera avec beaucoup de tact et de compassion pour celui qui a
tenté sa chance.
En conclusion, la drague,
pourquoi pas si elle nous suggère le choix (de donner suite ou pas) et surtout
si vous êtes considéré(e) comme belle/beau gosse par votre « proie ».
A tous les coups gagnants car au pire, bon pour l’égo et au mieux, bon pour la
suite. Même la drague est corrompue par l’injustice de ce monde…
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