Crédits Photo : So Foot
Je ne vais pas de nouveau
m’étendre sur mes faibles connaissances footballistiques. Toutefois, de récents
évènements ont réussi ces derniers jours à capter mon attention. Avachie sur le
canapé à scruter mon Instagram à proximité de l’être cher, je « bénéficie »,
un peu malgré moi, de séduisants bruits de fond émanant de notre rectangle
cathodique. Pour mon plus grand plaisir, des interlocuteurs, dont j’ignore
toujours l’identité, dissertent avec ironie sur le boycott de Canal + initié
par les joueurs du PSG et de l’OM. Tiens, lorsque le débat porte sur un semblant de convictions plutôt que sur les
exploits sportifs, je tends un peu plus l’oreille et demande une mise à jour au
cher et tendre. Celui-ci m’explique alors que les joueurs de ces deux clubs
ennemis se sont ligués contre Canal+ à la suite de la diffusion d’images de Zlatan
Ibrahimović exprimant vivement son mécontentement à un arbitre (bref,
l’insultant) et Dimitri Payet vociférant un gentillet « enc… » à la
volée au sortir du terrain. L’altercation assumée du premier lui vaudra 4
matchs de suspension alors que le second ayant eu le raffinement ne pas identifier
clairement l’enc… en question ne se verra condamner qu’à 2 matchs de
suspension.
Aussi, ces sanctions associées au
Zlatan bashing de ces dernières semaines m’ont poussée à m’interroger sur les
fondements de ces rappels à l’ordre si médiatisés et commentés.
J’ai beau comprendre (plus ou
moins) la logique consistant à imposer le respect de
« l’administration » et des encadrants, il n’en demeure pas moins que
je trouve l’attitude un peu infantilisante. A la différence, d’enfants à qui l’on
tente de donner une bonne éducation, les interlocuteurs concernés, bien qu’ils
jouent encore à la balle, sont censés être adultes. Dès lors, on peut douter du
bénéfice éducatif de la sanction, qui au vu des sommes engrangées par les uns
et les autres, laisse croire à la novice que je suis que les plus pénalisés sont
les clubs qui se voient privés de leurs meilleurs éléments. Vous me direz
alors, ben quoi, ils auraient donc le droit de dire tout et n’importe
quoi ? Non, pas nécessairement mais pourquoi ne pourraient-ils pas
discuter entre adultes consentants ? Surtout, pourquoi ces accès de colère
doivent-ils être autant politisés ?
Ainsi, lorsqu’un Zlatan s’enflamme
avec son « pays de merde », cela fait le tour du monde et celui-ci se
voit contraint de s’expliquer voire s’excuser pour cette insulte, a priori sans fondement,
adressée à une Nation toute entière…Y a-t-il réellement des gens qui se sont
sentis offensés par ces propos ?
Je ne peux m’empêcher de céder au
parallèle un peu facile lorsque dans le même temps, des hommes politiques
premiers à s’offusquer, incarnations des valeurs républicaines et surtout
astreints à imposer leur respect par leur fonction, se voient octroyer ou du
moins prennent le droit de tourner en dérision une frange de la population en
la stigmatisant ou en la dévalorisant sans que cela ne les empêche de briguer
les postes les plus hauts de notre cher pouvoir exécutif. Dans ce cas, les
railleries médiatiques se font souvent anecdotiques et les sanctions sont quant
à elles inexistantes. Si bien que ces arrosés, coutumiers du fait, se font
volontiers arroseurs et se jettent sur la première occasion pour aller de son
petit commentaire zlatanesque…c’est sûr qu’il s’agit de la priorité du moment…
En revanche, un sportif honorant
son contrat privé et qui finalement n’a aucune obligation publique ne pourrait
pas, après l’effort et sous le coup de la colère laisser son énervement
micro-centré balancer des propos relevant presque de l’hyperbole. Que celui qui
n’a jamais pensé « Quel pays de merde ! » pour protester sur le
coup de massue allant de la réforme marteau et considérée comme injuste à
l’amende retrouvée sur son pare-brise jette la première pierre. Cela doit-il
nécessairement être considéré comme un rejet de toutes les valeurs françaises,
sa culture, ses habitants ? Un peu comme lorsqu’on se cogne le petit
orteil (c’est le pire) contre le coin d’un meuble et qu’on a l’impression d’y laisser la vie avant
de crier ou penser « Quel meuble de merde ! », pourtant on le
sait que cet objet en bois n’a pas d’âme et on se souvient parfaitement de l’émoi
suscité par cet amas boisé avant l’achat. Toutefois, la spontanéité découlant
de la douleur ne nous aura pas laissé le temps le faire le tri.
Cette verbalisation répondant à
ce qui est vécu comme une agression personnelle s’imposant à nous, sans nous
laisser le droit à la parole, ne devrait donc pas à être autorisée aux
sportifs ? Et oui, même payé des millions d’euros, un homme demeure un
homme et les réactions spontanées ne sont pas toujours adaptées.
On peut alors s’interroger sur la
pertinence des analyses emportées de propos pris dans le feu de l’action.
Finalement, ne serait-ce pas une
vision très paternaliste, franco-centrée et teintée de frustration que celle
relayée par de nombreux médias. Certes, nous avons besoin de tes capacités
physiques et tactiques extraordinaires, de ton aura internationale pour faire
briller notre club et par extension notre Nation pour mais tout de même, les
cachets exorbitants et ton droit de fouler notre sol te vaudront la reconnaissance éternelle. Du
peu que j’ai pu voir, il semblerait que Zlatan aime à faire le show mais sous ses
airs de Dolph Lundgren d’Ikea, cette suffisance exacerbée pourrait être
interprétée comme une réponse à cette logique de reconnaissance extirpée, en
rééquilibrant le débat. Un peu à la manière de ces Français estampillés
d’origine étrangère, accueillis sur nos terres pour effectuer la basse besogne
mais qui devront prouver leur reconnaissance en abandonnant leurs bagages
culturels et cultuels, faire profil bas, plus que les autres pour prouver sa
reconnaissance à la main nourricière. Quitte à politiser une réaction
épidermique pourquoi ne pas pousser le vice jusqu’au bout pour faire de Zlatan,
un contestataire des temps modernes.
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