Crédits Photo : KKISS
Je m’approprie chaque jour un peu
plus l’expression « profiter des petits plaisirs de la vie ». Ainsi, les
obligations du quotidien nous donnent suffisamment d’excuses pour nous éloigner
des bonheurs aussi simples que de celui de lire. Une tasse de thé, une couette
molletonnée, une lumière naturelle douce et un bon livre, un de ces bonheurs à
la portée de beaucoup mais dont on se prive trop souvent. Ce mois-ci (oui,
c’est le temps qu’il me faut maintenant pour lire un livre), j’ai tenté quelques
fois ce scénario idéal sans réellement y parvenir, les pauses couette
molletonnée étant souvent de courte durée et entrecoupées de sorties en métro,
voyages en voiture, matins canapé et quelques autres formes de moment de
tranquillité.
Ces derniers temps, j’ai dédié
ces moments à la lecture du livre D’abord,
ils ont tué mon père de Loung Ung.
Le pitch : Ce roman autobiographique conte l’enfance de Loung
Ung, petite fille cambodgienne qui voit son quotidien de privilégiée au sein d’une
famille aimante de Phnom Penh, brutalement bouleversé avec l’arrivée des Khmers
Rouges et le régime dévastateur mis en place par Pol Pot. Elle nous emmène alors
de familles d’accueil en camps de travail en lacérant chaque fois un peu plus
le cœur pour les émotifs et éveillant la conscience des cérébraux voire les
deux pour les plus chanceux.
Le goût laissé :
Ce roman autobiographique réussit
la prouesse de nous plonger dans l’horreur des crimes du régime Khmers Rouges avec un regard bien plus nuancé qu’il n’y
paraît. En effet, passée l’envie de se pendre en découvrant page après page le
calvaire inhumain vécu par cette petite fille perdant pêle-mêle innocence,
candeur, proches, dignité, vient le temps de l’analyse et du mi-figue mi-raisin.
Un appel à la réflexion servi
par une écriture simple, sobre,
dénuée de fioritures, sans figure de style, qui semble en accord avec
l’humilité de l’auteure et surtout qui sert le propos car la star, c’est la
réalité. Une réalité qui supplante l’écriture, une réalité au service de la
mémoire historique qui pour ma part a été une vraie découverte.
Cette plongée dans l’histoire a eu pour moi la particularité de s’intéresser
à une histoire peu connue, peu enseignée, peu pleurée mais surtout une histoire
extrêmement récente, les Khmers Rouges ayant décimé plus d'un million de Cambodgiens de 1975 à 1979. Une histoire dictée par l'idéologie névrosée d'un homme ayant pour ambition d'éradiquer jusqu'à la dernière manifestation d'occidentalisation sacralisée par les villes et leurs "intellectuels" urbains. Une histoire d’à peine 35 ans qui a
connu quelques soubresauts médiatiques lors des trop rares condamnations des
dirigeants Khmers Rouges mais qui est loin d’être aussi populaire que certains
autres massacres. Certes, les terres nationales ne « chérissent » pas
autant les horreurs historiques que celles qui ont touché leurs terres mais au
fil des pages, on ne peut que s’étonner du peu d’écho historique de ces
évènements. Peut-être serait-il déplacé de s’étendre sur une situation que l’on
a laissée perdurer.
Ce roman, c’est aussi l’exposé d’un cas de conscience, une dissection
de la nature humaine, la même que celle illustrée dans le « Né en 17 à Leidenstadt »
de Jean Jacques Goldman avec une population qui se laisse emprisonnée par la
dictature de la peur, la peur d’être du mauvais côté, la peur de subir
l’horreur que l’on doit imposer aux autres pour survivre, la peur de ne plus
jamais pouvoir faire confiance, cette peur qui est le bras armé de tous les
dictateurs qui ne sont rien sans elle.
Une plongée étonnamment touristique également car bien que les paysages
cambodgiens ne soient qu’esquissés dans ce roman, l’envie de découvrir le pays
naît surtout de sa charge historique avec peut-être un besoin presque féerique
de constater de ses yeux qu’un pays peut vivre après « ça ».
Enfin, ce roman m’a insufflé en filigrane un rappel aux vraies valeurs.
C’est certainement mon côté fleur bleue qui parle (si, si, je vous assure j’en
ai un) mais je ne peux m’empêcher d’y lire un message connu de tous mais qu’il
est bon de rappeler : profitons des petits plaisirs de la vie, ceux qui ne
se saisissent pas, ne se collectionnent pas, ne se rangent pas dans des
placards, les furtifs mais qu’une fois passés ne peuvent jamais être repris.
D’abord, Ils ont tué mon père
Loung UngPlon
Salut, j'ai nominé ton blog pour le Liebster Awards, des questions t'attendent sur mon blog si le concept te plaît :)
RépondreSupprimerhttp://www.escaledoree.com/2015/05/liebster-awards.html
Hello Sandy, j'ai répondu à tes questions sur mon blog. Ayant déjà participé plusieurs fois, je n'ai pas nominé de nouvelles personnes mais c'est toujours un plaisir de répondre. Merci et bonne soirée ! Bises.
Supprimer