Les vacances au soleil,
c’est bon pour le teint, l’esprit, les papilles mais c’est également propice
aux découvertes culturelles car ma récente escapade caribéenne en plein hiver
(promis, c’est la dernière fois que je la ramène sur ce sujet…) m’a offert l’occasion
de découvrir les œuvres d’une artiste-peintre pleine de ressources que nous
nous sommes empressées de rencontrer de retour à Paris.
Un samedi d’hiver à
Bastille, attablées autour d’un Coca zéro et d’un café, nous avons cherché à en
savoir plus sur Elodie Mondelice. Interview tout en douceur et en délicatesse.
Elodie
Mondelice en quelques mots…
J’ai 31 ans et je suis originaire
de la Guadeloupe. Je suis née à Paris, personne n’est parfait…dit-elle en
riant.
J’expose depuis 2011 mais je
dessine, peins, crayonne depuis toute petite. Après un BTS d’architecture
d’intérieur j’ai intégré une école d’architecture dans le 13ème à
Paris. En dépit de ma passion pour l’architecture, après plusieurs stages, je
me suis vite rendue compte que le métier d’architecte ne m’attirait absolument
pas. Trop de papier, d’administratif, de juridique et finalement peu de place pour
la création.
La peinture est alors venue
tout naturellement. J’ai d’abord commencé par peindre pendant mon temps libre
des bâtiments d’Ali Tur, Architecte des colonies venu en Guadeloupe après le
violent cyclone de 1928 pour reconstruire les bâtiments, je cite, qui « représentaient
la République » en vue du tricentenaire de l’appartenance de la Guadeloupe
à la Métropole.
Pourquoi
cette passion pour les bâtiments conçus par Ali Tur ?
Lorsque je suis arrivée en Guadeloupe
en 1995 avec mes parents suite à leur
mutation, nous n’avions pas de voiture. Afin de rendre visite à la famille de
ma mère, nous effectuions chaque
week-end le voyage entre Capesterre et Saint-François en transports en commun. Nous
traversions donc de nombreuses communes de Guadeloupe. C’est à ces occasions
que j’ai découvert la plupart des bâtiments conçus par Ali Tur. Etant
collégienne, je n’avais pas encore, à ce moment, cette passion pour
l’architecture mais bien plus tard, en 2010, j’ai su que tous ces bâtiments
étaient l’œuvre d’un même architecte.
Par ailleurs, peindre, c’était
pour moi une manière de m’approprier les choses. Petite, je m’appropriais ainsi
le monde de Disney en dessinant les personnages de cet univers.
Ecole Lydia Galleron, Le Moule
Tes
peintures consacrent également la culture indienne, notamment à travers celles
que tu nommes les Desi Girls. D’où vient cette autre passion ?
Ma mère est d’origine
indienne mais c’est surtout mon père qui m’a initiée à l’art et à la découverte
des autres cultures du monde. Un jour, il m’a conduite à une exposition sur
l’Inde et de là est née mon attirance pour cette culture. Ce qui m’intéresse
surtout dans cette culture, ce sont les couleurs, le clinquant, le kitch
indien, les films toujours très colorés, très exagérés car la vie n’est pas si
belle là-bas.
Qui
sont les Desi Girls ?
Cela veut dire Indienne,
fille de l’Inde. Desi est un mot hindi qui signifie « du pays » en
l’occurrence de l’Inde. A mes yeux, ces tableaux sont très différents de ceux d’Ali
Tur. Il
s’agit davantage d’objets décoratifs sous forme de tableau.
AMUKTA
KESARI
MEENA
T’es-tu
déjà rendue en Inde ?
Non et je ne suis pas sûre
d’en avoir envie car j’ai peur de ce que je pourrais y voir. L’imaginaire que j’ai
construit autour de ce pays me convient bien.
Vis-tu
de ton art ?
Non pas encore. Le statut
d’artiste-peintre n’est pas très bien défini. Je souhaite à terme monter ma propre
structure, une galerie-boutique.
Quelle
est ta journée type d’artiste-peintre ?
Même si je travaille à la maison, je me force à me lever tôt en
même temps que mon compagnon. Dès
le réveil, je me mets à peindre. La journée passe très vite finalement.
Je mange très peu, très vite
et parfois très tard car c'est difficile de me sortir de ma peinture pour me
mettre aux fourneaux. Quand la fin de la
journée arrive, très vite en hiver avec la disparition de la lumière, j’ai
l’impression que c’est passé trop rapidement. Si je pouvais ne pas manger,
aller à la poste, aller à la banque, faire la lessive, etc…cela serait
parfait !
En soirée, souvent, je suis ailleurs,
je réfléchis, je note, je fais des croquis.
Bon
nombre de tes expositions ont eu lieu en Guadeloupe, est-ce difficile d’exposer
dans l’Hexagone ?
En Guadeloupe, ils sont à la
recherche d’artistes et font tout pour les promouvoir. C’est donc beaucoup plus
accessible même si les calendriers sont chargés et les temps d’attente longs. Par
ailleurs, j’ai débuté par un thème qui touche la Guadeloupe, ils ont donc été
naturellement plus sensibles à mes œuvres.
Quels
sont tes projets ?
J’ai présenté les Desi girls
en janvier dernier et elles ont beaucoup plus. Je pense continuer un peu sur
cette collection. A plus long terme, je souhaite faire un travail sur les
cathédrales et les églises pour des considérations architecturales. Peut- être
poursuivre avec les bâtiments d’Ali Tur.
C’est
la grande mode des illustratrices bloggeuses et nous avons pu voir que tu avais
tenté l’aventure en illustrant le
livre "Bug et le shamblanni" écrit par Micheline BABOURAM-MOUNSAMY.
Une nouvelle vocation ?
Pas vraiment. Il s’agissait
plus d’une opportunité. J'ai illustré l'histoire car c'est un peu aussi la
mienne (ndlr : histoire de l'amitié entre un petit guadeloupéen d'origine
indienne et son chien Bug à l'époque de la Toussaint) mais l’illustration n’est
pas mon domaine de prédilection.
Quel
est le film indien qui t’a le plus touchée ?
Paheli. Les histoires sont
toujours un peu les mêmes : amour impossible qui finalement devient
possible mais je regarde surtout pour les couleurs, l’ambiance, etc.
Quelle
est la chanson qui illustre le mieux ton humeur du moment ?
Wake me up d’Avicii.
Avec
quelle personnalité morte ou vivante souhaiterais-tu prendre un verre ?
Ali Tur bien sûr pour
savoir ce qu’il pense de mon travail et qu’il me parle de son expérience à son
arrivée en Guadeloupe.
Quel
est le plat auquel tu ne peux pas résister ?
Coquilles Saint-Jacques au Noilly
Prat.
Quel
est le sujet d’actualité qui t’indigne en ce moment ?
La montée en flèche du
racisme et la violence en général.
Si
tu en avais la possibilité, quelle loi mettrais-tu en place ?
L’obligation de réserver une
partie de son budget courses pour son voisin dans le besoin. C’est très utopique
mais cela ne ferait pas de mal, nous consommons déjà beaucoup.
Pour
quelle cause es-tu prête à t’engager ?
La cause animale. On leur inflige
trop de souffrances à ces êtres vivants qui ont le même droit d’exister que
nous. Nous ne devrions pas leur imposer toutes ces choses : les zoos, les
cirques, le braconnage, etc. Qu’on les laisse tranquille un peu !
Un grand merci à Elodie
Mondelice pour cette interview et ses œuvres pleines de vie.
Pour en savoir plus
n’hésitez pas à visiter son site ou sa page Facebook
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire