dimanche 9 mars 2014

RENCONTRE AVEC ELODIE MONDELICE - Artiste peintre


Les vacances au soleil, c’est bon pour le teint, l’esprit, les papilles mais c’est également propice aux découvertes culturelles car ma récente escapade caribéenne en plein hiver (promis, c’est la dernière fois que je la ramène sur ce sujet…) m’a offert l’occasion de découvrir les œuvres d’une artiste-peintre pleine de ressources que nous nous sommes empressées de rencontrer de retour à Paris.
Un samedi d’hiver à Bastille, attablées autour d’un Coca zéro et d’un café, nous avons cherché à en savoir plus sur Elodie Mondelice. Interview tout en douceur et en délicatesse.
Elodie Mondelice en quelques mots…
J’ai 31 ans et je suis originaire de la Guadeloupe. Je suis née à Paris, personne n’est parfait…dit-elle en riant.
 
J’expose depuis 2011 mais je dessine, peins, crayonne depuis toute petite. Après un BTS d’architecture d’intérieur j’ai intégré une école d’architecture dans le 13ème à Paris. En dépit de ma passion pour l’architecture, après plusieurs stages, je me suis vite rendue compte que le métier d’architecte ne m’attirait absolument pas. Trop de papier, d’administratif, de juridique et finalement peu de place pour la création.
La peinture est alors venue tout naturellement. J’ai d’abord commencé par peindre pendant mon temps libre des bâtiments d’Ali Tur, Architecte des colonies venu en Guadeloupe après le violent cyclone de 1928 pour reconstruire les bâtiments, je cite, qui « représentaient la République » en vue du tricentenaire de l’appartenance de la Guadeloupe à la Métropole.
Pourquoi cette passion pour les bâtiments conçus par Ali Tur ?
Lorsque je suis arrivée en Guadeloupe en 1995 avec mes parents suite  à leur mutation, nous n’avions pas de voiture. Afin de rendre visite à la famille de ma mère,  nous effectuions chaque week-end le voyage entre Capesterre et Saint-François en transports en commun. Nous traversions donc de nombreuses communes de Guadeloupe. C’est à ces occasions que j’ai découvert la plupart des bâtiments conçus par Ali Tur. Etant collégienne, je n’avais pas encore, à ce moment, cette passion pour l’architecture mais bien plus tard, en 2010, j’ai su que tous ces bâtiments étaient l’œuvre d’un même architecte.
Par ailleurs, peindre, c’était pour moi une manière de m’approprier les choses. Petite, je m’appropriais ainsi le monde de Disney en dessinant les personnages de cet univers.



Ecole Lydia Galleron, Le Moule

Palais de justice de Basse-Terre


Clocher de l'église Saint-André de Morne-à-l'Eau


Tes peintures consacrent également la culture indienne, notamment à travers celles que tu nommes les Desi Girls. D’où vient cette autre passion ?
Ma mère est d’origine indienne mais c’est surtout mon père qui m’a initiée à l’art et à la découverte des autres cultures du monde. Un jour, il m’a conduite à une exposition sur l’Inde et de là est née mon attirance pour cette culture. Ce qui m’intéresse surtout dans cette culture, ce sont les couleurs, le clinquant, le kitch indien, les films toujours très colorés, très exagérés car la vie n’est pas si belle là-bas.
Qui sont les Desi Girls ?
Cela veut dire Indienne, fille de l’Inde. Desi est un mot hindi qui signifie « du pays » en l’occurrence de l’Inde. A mes yeux, ces tableaux sont très différents de ceux d’Ali Tur. Il s’agit davantage d’objets décoratifs sous forme de tableau.
AMUKTA

KESARI

MEENA
 
T’es-tu déjà rendue en Inde ?
Non et je ne suis pas sûre d’en avoir envie car j’ai peur de ce que je pourrais y voir. L’imaginaire que j’ai construit autour de ce pays me convient bien.
Vis-tu de ton art ?
Non pas encore. Le statut d’artiste-peintre n’est pas très bien défini. Je souhaite à terme monter ma propre structure, une galerie-boutique.
Quelle est ta journée type d’artiste-peintre ?
Même si je travaille à la maison, je me force à me lever tôt en même temps que mon compagnon. Dès le réveil, je me mets à peindre. La journée passe très vite finalement.
Je mange très peu, très vite et parfois très tard car c'est difficile de me sortir de ma peinture pour me mettre aux fourneaux.  Quand la fin de la journée arrive, très vite en hiver avec la disparition de la lumière, j’ai l’impression que c’est passé trop rapidement. Si je pouvais ne pas manger, aller à la poste, aller à la banque, faire la lessive, etc…cela serait parfait !
En soirée, souvent, je suis ailleurs, je réfléchis, je note, je fais des croquis.
Bon nombre de tes expositions ont eu lieu en Guadeloupe, est-ce difficile d’exposer dans l’Hexagone ?
En Guadeloupe, ils sont à la recherche d’artistes et font tout pour les promouvoir. C’est donc beaucoup plus accessible même si les calendriers sont chargés et les temps d’attente longs. Par ailleurs, j’ai débuté par un thème qui touche la Guadeloupe, ils ont donc été naturellement plus sensibles à mes œuvres.
Quels sont tes projets ?
J’ai présenté les Desi girls en janvier dernier et elles ont beaucoup plus. Je pense continuer un peu sur cette collection. A plus long terme, je souhaite faire un travail sur les cathédrales et les églises pour des considérations architecturales. Peut- être poursuivre avec les bâtiments d’Ali Tur.
C’est la grande mode des illustratrices bloggeuses et nous avons pu voir que tu avais tenté l’aventure en illustrant le livre "Bug et le shamblanni" écrit par Micheline BABOURAM-MOUNSAMY. Une nouvelle vocation ?
Pas vraiment. Il s’agissait plus d’une opportunité. J'ai illustré l'histoire car c'est un peu aussi la mienne (ndlr : histoire de l'amitié entre un petit guadeloupéen d'origine indienne et son chien Bug à l'époque de la Toussaint) mais l’illustration n’est pas mon domaine de prédilection.
Quel est le film indien qui t’a le plus touchée ?
Paheli. Les histoires sont toujours un peu les mêmes : amour impossible qui finalement devient possible mais je regarde surtout pour les couleurs, l’ambiance, etc.
Quelle est la chanson qui illustre le mieux ton humeur du moment ?
Wake me up d’Avicii.
Avec quelle personnalité morte ou vivante souhaiterais-tu prendre un verre ?
Ali Tur bien sûr pour savoir ce qu’il pense de mon travail et qu’il me parle de son expérience à son arrivée en Guadeloupe.
Quel est le plat auquel tu ne peux pas résister ?
Coquilles Saint-Jacques au Noilly Prat.
Quel est le sujet d’actualité qui t’indigne en ce moment ?
La montée en flèche du racisme et la violence en général.
Si tu en avais la possibilité, quelle loi mettrais-tu en place ?
L’obligation de réserver une partie de son budget courses pour son voisin dans le besoin. C’est très utopique mais cela ne ferait pas de mal, nous consommons déjà beaucoup.
Pour quelle cause es-tu prête à t’engager ?
La cause animale. On leur inflige trop de souffrances à ces êtres vivants qui ont le même droit d’exister que nous. Nous ne devrions pas leur imposer toutes ces choses : les zoos, les cirques, le braconnage, etc. Qu’on les laisse tranquille un peu !
Un grand merci à Elodie Mondelice pour cette interview et ses œuvres pleines de vie.
Pour en savoir plus n’hésitez pas à visiter son site ou sa page Facebook

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