L’été, ses tomates-mozzarella, ses grasses matinées (enfin, pour ceux qui n’ont pas d’enfants), ses horaires décalés, ses siestes et surtout ses lectures. Le tumulte du quotidien rendant ces lectures précieuses, cette année, j’ai fait le choix d’une lecture studieuse, légèrement orientée puisque ce livre m’a été offert. Lecture studieuse car le glissement des préoccupations politiques vers le monde enchanté des farces et attrapes, de même que la déliquescence de la conscience collective m’ont conduite à délaisser mes lectures plus divertissantes voire triviales tant chéries en période estivale.
Cette année, sur la plage, j’ai
donc opté pour le livre Dire Non d’Edwy
Plenel.
Mon avis ? A mon sens, Dire Non fait partie de cette catégorie
de livres, à la fin desquels vous vous dites deux choses.
La première : Mais
c’est exactement ce que je me disais, merci de l’avoir couché sur papier et la
seconde : Intégrer cette lecture au cursus scolaire, voilà ce
qu’il faut faire pour espérer sauver les générations à venir du labyrinthe
intellectuel et émotionnel dans lequel les maîtres d’orchestre
politico-économiques cherchent à nous maintenir égarés.
Dire Non s’inscrit dans la droite ligne du Indignez-vous de
Stéphane Hessel qui déjà appelait la population à cesser d’avaler les couleuvres
qu’on leur présentait en gratin appétissant dans le seul but d’attiser la
haine de l’un contre l’autre, l’empêchant alors de réfléchir aux vraies
questions politiques, aux réelles problématiques qui pourraient améliorer le
quotidien du plus grand nombre sans se préoccuper de la prospérité du petit
nombre adepte du grand profit. Toutefois, le Dire Non d’Edwy Plenel rend à mes yeux la problématique
« palpable » et moins théorique en forçant la réflexion. Ce livre
semble reposer sur une démarche argumentative presque pédagogique, qui s’appuie
sur des exemples actuels. Il explique en partie le désengagement de la
politique face à une population désabusée, pas seulement par le non-respect des
promesses qui se perpétue peu importe les mouvements politiques au
pouvoir mais aussi face aux manipulations à peine masquées qui cherchent à diviser
pour mieux berner en nous condamnant à être cernés par ce que Edwy Plenel appelle les "monstres".
Ainsi, il déconstruit petit à
petit des imaginaires qui se sont imposés comme des états de fait voire des
fatalités. Pour ma part, je m’étais résolue à ne plus avoir foi en la politique
mais continuais d’exercer mon devoir de citoyenne, non pas pour espérer le mieux mais pour éviter le
pire. J’en étais arrivée à accepter la fatalité économique, n’espérant d’aucun
parti politique une quelconque amélioration au profit des électeurs car les
jugeant tous acquis aux causes financières mais continuant d’espérer la défense
des idéologies favorables au maintien de l’humanité. A défaut de ne pouvoir
tourner le dos à l’appât du gain, j’espérais encore que les politiques puissent
a minima honorer les valeurs que je considère comme louables (à l’image du
fameux « liberté, égalité, fraternité ») qui avaient l’avantage d’être
gratuites. La réflexion menée par Edwy Plenel met à jour les mécanismes
démontrant que les choix économiques rémunérateurs ne peuvent s’insinuer sans
les nuisibles idéologiques. En effet, comment faire passer comme une lettre à
la poste l’anéantissement progressif des acquis sociaux qui profitent à tous
sans attirer l’attention de chacun sur d’autres sujets « factices »
comme par exemple, « l’invasion » de soi-disant ennemis extérieurs venant ôter le
pain de la bouche des Français.
Les responsabilités des
politiques et notamment des présidents qui se succèdent sont habilement
exposées qu’il s’agisse de la professionnalisation de la fonction
présidentielle et par la même, l’avènement de l’intérêt personnel :
ou du paternalisme, qui leur est cher,
justifiant d’imposer aux citoyens des mesures immédiates mettant en péril leur équilibre au quotidien
sous couvert d’un prétendu bonheur à venir. Un paternalisme dont les dangers
sont nombreux mais dont le plus marquant fût pour moi le meurtre de l’innovation,
l'abolition de la recherche d’autres voies (par vanité, intérêt ou manque d’imagination).
Alors certains diront, certes,
nous avons bien compris que nous nous faisons constamment enfler mais quelle
est la solution ? Si Edwy Plenel ne l’apporte pas sur un plateau, une
plongée dans l’histoire familiale donne quelques clefs que je vous laisse
découvrir.
Quel plaisir de sortir de l'alternative morose, de découvrir à
mesure des pages une vision autre que l’on aimerait entendre plus souvent dans
les médias et voir s’exprimer plus souvent dans la bouche des hommes et des
femmes politiques mais surtout dans leurs actes.
Bonne lecture aux convaincu(e)s.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire