We Can Do It! (1943) de J. Howard Miller
Récemment, quelqu’un m’a demandé
si je me considérais comme féministe. Instinctivement, presque comme si on me
demandait si j’étais une femme, je m’apprêtais à répondre par l’affirmative,
lorsque que je fus stoppée dans mon entrain pour m’interroger intérieurement.
Que recouvrait cette notion ? Qu’y avait-il derrière cette « simple »
question ? Dans quelle voie consciente ou inconsciente et dans quel
imaginaire m’engageais-je en répondant « oui » ?
Certes, les discriminations
réservées à la gente féminine avaient toujours le don de susciter mon
exaspération. Certes, je reconnais bien volontiers que de nombreuses questions
restent à traiter pour assurer l’égalité Hommes/Femmes et non je ne me fais
toujours pas au fait que dans le monde professionnel lorsque j’arrive en
réunion accompagnée d’un collègue masculin, mes interlocuteurs se sentent dans
l’obligation de supposer que je suis son assistante et de le verbaliser. Toutes
ces choses m’agacent et continuent de me valoir des échanges parfois amusés,
parfois enflammés, parfois désabusés.
Néanmoins, ces agacements sont exactement
similaires à ceux provoqués en réaction aux traitements de « défaveur »
réservés à une minorité de la population sur la base de critères ethniques,
religieux ou liés à l’orientation sexuelle. Le principe même d’un traitement
inégal ou d’un jugement irrévocable à l’égard d’une personne prononcé sur la seule
base de l’un de ces critères suffisant à justifier mon agacement. Autrement dit,
mon problème est avant tout avec la discrimination. Il était donc normal que
celle-ci me touche mais dans un débat
global.
En revanche, je suis moins
séduite par le folklore dont peut parfois s’accompagner la notion de féminisme
dès lors qu’elle est :
-
associée
à la pensée radicale et à l’exclusivité, traquant le moindre « faux
pas » allant même jusqu’à empiéter sur la liberté de certaines en les
condamnant parce qu’elles choisissent par exemple de porter à la connaissance nationale leur
manque de culture générale rivalisant avec leur bonnet D dans les
émissions de télé-réalité. J’ai beau ne pas adhérer au concept, il semblerait
que dans la maxime nationale, la Liberté continue de marcher aux côtés de Miss
Egalité. De plus, à débattre l’égalité sans incidence à tout prix, elles ont donné
une excuse toute trouvée à ceux qui ne paient même plus le premier verre (pour
information, chers amis, cette excuse n’empêchera personne de vous classer dans
la catégorie « crevards »).
-
sujette à
l’instrumentalisation, hésitant entre combats du quotidien et engagements politiquement politiques, célébrant des réussites placebo telles que
la journée de la Femme qui à part la "joie" de se voir offrir une rose rabougrie
par l’hôtesse de caisse de Lidl n’a pas encore su me convaincre de son utilité.
-
assoiffée
de médiatisation en prônant une action qui se fait presque contraire aux
objectifs qu’elle défend car j’ai beau tenter d’intellectualiser la chose, je
reste encore sceptique sur la pertinence des sorties « spectaculaires »
de furies aux seins nus pour faire comprendre à tous que mes attributs de
femmes (aussi présents ou absents soient-ils) ne doivent pas réduire à néant la
considération pour mes compétences intellectuelles au même titre que l’appréciation
globale plus généralement réservée aux
hommes.
Toutes ces réserves me conduisent
donc à me demander s’il ne vaut mieux pas des indignations et des combats du quotidien
pour faire respecter ce que le cadre législatif a déjà reconnu comme un
principe de vie et de société à savoir l’égalité de tous plutôt que des mouvements
estampillés qui peinent à résister aux lumières du pouvoir ou ne savent plus
quoi inventer pour attirer les lumières des caméras au risque de desservir la
cause qu’ils défendent.
Après mûre réflexion, à cette « simple »
question, je répondrai certainement « oui mais… ».
Et vous quelle féministe
êtes-vous ?
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