Parfois, je m’inquiète de la
récurrence de certains sujets traités. Toutefois, il faut convenir que l’actualité
me laisse peu de répit. Hier par exemple, j’étais motivée pour vous concocter
un petit post girly afin de célébrer l’arrivée d’une nouvelle venue dans ma
trousse à maquillage : la Chocolate Bar de Too Faced. Mais difficile de me
concentrer sur ce sujet (tout aussi passionnant et qui rassurez-vous ne tardera
pas) lorsque je tombe sur des interventions aussi brillantes que celle de
Nadine MORANO dans l’émission On n’est
pas couché de Laurent Ruquier. N’étant pas cliente de cette émission, sans
internet et sa bienveillance façon zapping s’évertuant à rassembler les « bons
moments » en nous épargnant la corvée de regarder tous les déchets
cathodiques, je serais passée à côté de cette autre perle comme aime à les
pondre notre chère classe politique.
Interrogée notamment sur la « question
musulmane », sujet tant chéri des politiques en mal d’inspiration, Nadine
MORANO décrit la France comme « un pays de race blanche ». Devant les
réactions offusquées mais tout en rire de Laurent RUQUIER (car il ne faudrait
pas que l’offense nuise à l’audimat), celle-ci défend l’emploi de ces termes en
s’étonnant à son tour du politiquement correct empêchant aujourd’hui d’appeler
un chat un chat. C’est vrai quoi, pourquoi ne pourrait-on pas dire que la
France est un pays de race blanche ? C’est ridicule après tout ; quasiment
autant que de nier le constat selon lequel le ciel est bleu ? Un fait
étant un fait. Voilà la ruse usée mais toujours efficace utilisée par Mme
MORANO pour justifier son propos. Un propos qui ni vu ni connu contribue une
nouvelle fois à la libéralisation de la parole raciste et à l’entretien de la
haine de l’autre ?
Simplement en rappelant les faits
me direz-vous ? N’est-ce pas un peu exagéré et teinté de
victimisation ? Pas si on y regarde de plus près. Tout d’abord car il ne
suffit pas de verbaliser un a priori pour en faire une vérité. La notion de
race étant elle-même contestée (et contestable) et surtout complètement surannée
dans une société comme la nôtre. Qui peut encore aujourd’hui revendiquer une
appartenance à une race ? Où celle-ci commence et s’arrête-t-elle ? Lorsque la blonde
aux yeux clairs, définie par Mme MORANO comme blanche, apprend que son arrière
- arrière-grand-mère était noire. Comment-fait-on ? Sa « race »
continue t-elle de la reconnaître comme l’une des leurs par la grâce de la
majorité ? Plus qu’une vérité, le concept de race vise surtout à
distinguer, diviser.
Qu’y a-t-il de mal à distinguer
alors ? Ne peut-on pas dire qu’il y a des Blancs et des Noirs ?
Doit-on nier les différences pour être politiquement correct et ne pas se voir
taxer à tort de raciste ? Pas nécessairement ,mais ne croyez-vous pas que
ces faits soient connus de tous ? Le Blanc qui est né et vit en France
sait qu’il est blanc. Le Noir qui est
né et vit en France sait qu’il est noir. Le métisse connaît l’origine de son
métissage, etc, etc. Quel est alors l’intérêt de mettre la distinction au cœur
du débat politique et social. En quoi cette distinction aurait-elle plus de
sens et d’intérêt que de dire qu’en France, il y a des blondes et des brunes,
des personnes aux cheveux raides et d’autres aux cheveux bouclés, des personnes
qui portent des lunettes et d’autres qui préfèrent les lentilles, des hommes
qui optent pour le caleçon et d’autres qui sont définitivement acquis à la
cause du boxer ?
Et voilà, on y vient, la
distinction n’étant que la première étape pour alimenter un discours qui
insinuera lentement mais surement des liens de cause à effet entre une
différence et des actes, une philosophie, des penchants. Ah ben mince alors, ne
serait-on pas en plein discours raciste ?
L’Antillais ne pourrait donc pas
se mouvoir dans ce beau pays qu’est la France sans oublier que si les affres de
l’histoire ont fait de lui un Français, il ne peut échapper à son appartenance
à la « race noire ». Et donc Mme MORANO, quel est intérêt de cette
précision ? Doit-on également distinguer l’Antillais qui porte des
lunettes de celui qui n’en porte pas car peut-être que celui qui n’en
porte pas est encore plus enclin à
zouker plutôt que de travailler ?
La distinction et les faits n’ont
jamais eu vocation à être mis en valeur sans que l’on souhaite les faire
parler, les conduire à des conclusions, à nos conclusions. Quel serait alors
l’intérêt de dire, il existe des femmes brillantes et des cruches. Simplement en
s’arrêtant là. Aucun intérêt, dès lors que je mets en avant ce postulat, je
suis bien vite tentée de me dire et donc ? Ben, à y réfléchir, je ne sais
pas à quoi elles servent les cruches…Ben à rien. Bon ben autant les éliminer
alors…Vous voyez Madame MORANO, là de suite vous commencez à comprendre le
danger de votre logique car vous sentez que votre race est menacée. Mais
rassurez-vous, heureusement pour vous cette association d’idées séduira bien
moins les électeurs qui bénéficient d’une raison à activation variable. Vous
avez donc encore de beaux jours devant vous, mais serait-il possible d’adoucir
les nôtres en limitant vos sorties médiatiques et votre liberté de parole qui à
mon sens ne devraient pas être des droits ouverts à votre race, sans
lien avec la couleur de peau.
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RépondreSupprimerBravo pour cet article très intéressant et tres bien écrit
RépondreSupprimerMerci ;) Bonne soirée
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