lundi 28 septembre 2015

Et la race des cruches à fort pouvoir de nuisance, on en parle Nadine ?


 
Parfois, je m’inquiète de la récurrence de certains sujets traités. Toutefois, il faut convenir que l’actualité me laisse peu de répit. Hier par exemple, j’étais motivée pour vous concocter un petit post girly afin de célébrer l’arrivée d’une nouvelle venue dans ma trousse à maquillage : la Chocolate Bar de Too Faced. Mais difficile de me concentrer sur ce sujet (tout aussi passionnant et qui rassurez-vous ne tardera pas) lorsque je tombe sur des interventions aussi brillantes que celle de Nadine MORANO dans l’émission On n’est pas couché de Laurent Ruquier. N’étant pas cliente de cette émission, sans internet et sa bienveillance façon zapping s’évertuant à rassembler les « bons moments » en nous épargnant la corvée de regarder tous les déchets cathodiques, je serais passée à côté de cette autre perle comme aime à les pondre notre chère classe politique.

Interrogée notamment sur la « question musulmane », sujet tant chéri des politiques en mal d’inspiration, Nadine MORANO décrit la France comme « un pays de race blanche ». Devant les réactions offusquées mais tout en rire de Laurent RUQUIER (car il ne faudrait pas que l’offense nuise à l’audimat), celle-ci défend l’emploi de ces termes en s’étonnant à son tour du politiquement correct empêchant aujourd’hui d’appeler un chat un chat. C’est vrai quoi, pourquoi ne pourrait-on pas dire que la France est un pays de race blanche ? C’est ridicule après tout ; quasiment autant que de nier le constat selon lequel le ciel est bleu ? Un fait étant un fait. Voilà la ruse usée mais toujours efficace utilisée par Mme MORANO pour justifier son propos. Un propos qui ni vu ni connu contribue une nouvelle fois à la libéralisation de la parole raciste et à l’entretien de la haine de l’autre ?

Simplement en rappelant les faits me direz-vous ? N’est-ce pas un peu exagéré et teinté de victimisation ? Pas si on y regarde de plus près. Tout d’abord car il ne suffit pas de verbaliser un a priori pour en faire une vérité. La notion de race étant elle-même contestée (et contestable) et surtout complètement surannée dans une société comme la nôtre. Qui peut encore aujourd’hui revendiquer une appartenance à une race ? Où celle-ci commence et s’arrête-t-elle ? Lorsque la blonde aux yeux clairs, définie par Mme MORANO comme blanche, apprend que son arrière - arrière-grand-mère était noire. Comment-fait-on ? Sa « race » continue t-elle de la reconnaître comme l’une des leurs par la grâce de la majorité ? Plus qu’une vérité, le concept de race vise surtout à distinguer, diviser.

Qu’y a-t-il de mal à distinguer alors ? Ne peut-on pas dire qu’il y a des Blancs et des Noirs ? Doit-on nier les différences pour être politiquement correct et ne pas se voir taxer à tort de raciste ? Pas nécessairement ,mais ne croyez-vous pas que ces faits soient connus de tous ? Le Blanc qui est né et vit en France sait qu’il est blanc. Le Noir  qui est né et vit en France sait qu’il est noir. Le métisse connaît l’origine de son métissage, etc, etc. Quel est alors l’intérêt de mettre la distinction au cœur du débat politique et social. En quoi cette distinction aurait-elle plus de sens et d’intérêt que de dire qu’en France, il y a des blondes et des brunes, des personnes aux cheveux raides et d’autres aux cheveux bouclés, des personnes qui portent des lunettes et d’autres qui préfèrent les lentilles, des hommes qui optent pour le caleçon et d’autres qui sont définitivement acquis à la cause du boxer ?

Et voilà, on y vient, la distinction n’étant que la première étape pour alimenter un discours qui insinuera lentement mais surement des liens de cause à effet entre une différence et des actes, une philosophie, des penchants. Ah ben mince alors, ne serait-on pas en plein discours raciste ?

L’Antillais ne pourrait donc pas se mouvoir dans ce beau pays qu’est la France sans oublier que si les affres de l’histoire ont fait de lui un Français, il ne peut échapper à son appartenance à la « race noire ». Et donc Mme MORANO, quel est intérêt de cette précision ? Doit-on également distinguer l’Antillais qui porte des lunettes de celui qui n’en porte pas car peut-être que celui qui n’en porte pas  est encore plus enclin à zouker plutôt que de travailler ?

La distinction et les faits n’ont jamais eu vocation à être mis en valeur sans que l’on souhaite les faire parler, les conduire à des conclusions, à nos conclusions. Quel serait alors l’intérêt de dire, il existe des femmes brillantes et des cruches. Simplement en s’arrêtant là. Aucun intérêt, dès lors que je mets en avant ce postulat, je suis bien vite tentée de me dire et donc ? Ben, à y réfléchir, je ne sais pas à quoi elles servent les cruches…Ben à rien. Bon ben autant les éliminer alors…Vous voyez Madame MORANO, là de suite vous commencez à comprendre le danger de votre logique car vous sentez que votre race est menacée. Mais rassurez-vous, heureusement pour vous cette association d’idées séduira bien moins les électeurs qui bénéficient d’une raison à activation variable. Vous avez donc encore de beaux jours devant vous, mais serait-il possible d’adoucir les nôtres en limitant vos sorties médiatiques et votre liberté de parole qui à mon sens ne devraient pas être des droits ouverts à votre race, sans lien avec la couleur de peau.

3 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Bravo pour cet article très intéressant et tres bien écrit

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