Depuis quelques années, les
sorties cinéma ont une saveur de fraises Tagada. Les films dits d’auteur et propices
à l’expérimentation, les thrillers et comédies satiriques ont cédé la place aux
réalisations animées plus appropriées pour mon nouveau compagnon des salles
noires encore tenu à l’écart du tout-venant par le logo : .
Cela dit, cela n’est pas pour me
déplaire et je me laisse généralement facilement emporter par les musiques
infantiles mais entraînantes, les images souvent artistiques, les histoires à
la morale bienvenue et les happy ends qui vous font voir la vie en rose. D’autant
que depuis plusieurs années, les scénaristes pensent de plus en plus aux
parents avec des références et private jokes qui dépassent les plus petits mais
font sourire les plus grands. Les dessins animés 2.0 ont aussi l’avantage de
déculpabiliser les parents en sortant des stéréotypes et banalités aka « ils
se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Aussi, les petites filles
découvrent que finir enfermées, en robe meringue, dans un château avec un
prince blondinet afin d’enfanter jusqu’à ce que mort s’en suive n’est pas l’unique
issue « heureuse ». Les filles incarnées par Raiponce ou encore Rebelle
semblent avoir d’autres aspirations. De plus en plus, la morale de l’histoire
tente de coller aux problématiques de la société et aide à mettre en lumière
voire à échanger sur des enjeux sociétaux forts comme l’acceptation de l’autre
et la différence. J’avais notamment apprécié ce positionnement dans le dessin
animé Maya l’abeille, version 2014. Celui-ci avait balayé mon appréhension
principale à savoir, vivre plus d’une heure de niaiserie pure. En effet, l’opposition
entre les abeilles et les frelons, née de la crainte et de la méconnaissance de
l’autre, n’était pas sans rappeler les ravages des préjugés dans notre société
avec une crainte allègrement nourrie par les détenteurs des pouvoirs, désireux
de préserver au mieux leur hégémonie en divisant pour mieux régner. La semaine
dernière avec Tom pouce, nous avons pu voir le dernier-né : Zootopie qui illustre
à merveille cette tendance installée et a conquis nos cœurs et nos esprits.
En effet, Zootopie passe même la
vitesse supérieure en creusant davantage l’analyse fine de la société. Cette
ville animalière imaginaire illustre les fameux a priori avec l’opposition
entre les proies et les prédateurs, ces derniers qui bien qu’ils vivent
dorénavant en pseudo harmonie avec les proies sont secrètement craints, car jugés
porteurs « dans leur ADN » de l’intrinsèque envie d’attaquer les
proies. On y devine donc aisément les références aux préjugés qui minent les
relations entre les populations majoritaires et les populations minoritaires se
distinguant par leur origine, leur ethnie ou encore leur croyance religieuse.
Préjugés habilement utilisés par les représentants des pouvoirs publics. L’un d’eux
reconnaît fièrement au cours du film que gouverner par la peur est une
stratégie qui s’est toujours avérée payante. Effrayer pour conduire le peuple
là où l’on souhaite le mener pour servir des intérêts élitistes ou personnels a
toujours fait recette. Mais Zootopie ne s’arrête pas là, le dessin animé
bouscule également les esprits bien-pensants en mettant en scène le personnage
principal qui sous couvert de beaux discours, pensées positives et valorisation
de l’union et de l’égalité entre les êtres, se révèle aux autres puis à lui-même
comme gangrené par des préjugés distillés discrètement par la société au plus
jeune âge. Tiens, n’y verrait-on pas un petit clin d’œil aux mangeurs de
graines bio qui serinent des idéologies humanistes au Café Flore, manifestent
pour le logement pour tous mais appellent discrètement la police pour signaler
un camp d’habitations sauvages qui dégrade l’image du quartier.
Et Zootopie poursuit son regard critique, les stéréotypes sur les femmes faibles et dociles au travail y sont également
explorés et mis au tapis, la lenteur administrative en prend aussi pour son
grade notamment avec la scène mémorable du paresseux.
Trop intello pour un dessin animé ? Pas de crainte, les dialogues
acérés et des punchlines pleuvent suffisamment pour arracher rires et sourires aux plus grands comme aux plus petits. Chacun y trouve son compte avec des
références pointues et pleines d’humour pour les adultes, telles que le
clin d’œil au film le Parrain ou encore à la magistrale série Breaking Bad mais
aussi un rythme effréné pour les plus jeunes.
Vous aurez donc deviné ma
conclusion pour Zootopie : validation absolue ! Pour sourire, rire,
se divertir, réfléchir et discuter en famille après avec la satisfaction d’avoir
fait plaisir tout en forgeant l’esprit critique des enfants. L’un des
meilleurs films animés à mon sens.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi à 100%. Un des meilleurs films d'animation que j'ai pu voir. Mon fils aussi a adoré!
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